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Fait marquant

Le parthénolide inhibe la tubuline carboxypeptidase : une explication des propriétés anticancéreuses de cet antimigraineux


​Par criblage d’une collection de substances naturelles, le Centre de criblage pour molécules bio actives de notre laboratoire (CMBA), en collaboration avec les laboratoires Pierre Fabre et le groupe de chimie combinatoire e​t criblage de l’IBITEC-S (CEA Saclay), a trouvé que le parthénolide pourrait constituer une nouvelle drogue anticancéreuse multifonctionnelle prometteuse.

Publié le 1 juillet 2007

La division d’une cellule et la répartition équitable des chromosomes dans les deux cellules filles dépendent d’un appareillage cellulaire élaboré, le fuseau mitotique. Ce fuseau est essentiellement constitué de fibres tubulaires, les microtubules. Le rôle central joué par les microtubules dans la division cellulaire en a fait la cible de plusieurs agents anticancéreux utilisés en chimiothérapie comme le taxotère® ou la navelbine®.

La brique de base des microtubules est la tubuline. Celle-ci peut être modifiée de manière cyclique par la suppression puis par la ré-addition de son dernier acide aminé C-terminal, une tyrosine. Des enzymes spécifiques, la tubuline tyrosine ligase (TTL) et la tubuline carboxypeptidase (TCP) réalisent cette modification cyclique, produisant donc deux formes de tubuline, la tubuline tyrosinée et la tubuline détyrosinée. Un travail pionnier de cette équipe [1], confirmé ensuite par d'autres laboratoires [2], a montré que ce cycle joue un rôle important dans la progression et la gravité des cancers chez l’homme. En effet, au cours de la croissance tumorale, les cellules éliminent la TTL [3] et accumulent de manière anormale la tubuline détyrosinée. Cette accumulation anormale est reliée au mauvais pronostic des cancers [1].


Des approches conduites chez la levure et sur des souris invalidées pour le gène de la TTL ont apporté une explication moléculaire à ce phénomène. Elles ont  révélé que l'absence de la tyrosine C-terminale affecte la liaison de protéines particulières (protéines à domaine Cap-Gly), ce qui perturbe le positionnement correct du fuseau mitotique et, de ce fait, favoriserait la progression tumorale [4,5].  


Des inhibiteurs de la TCP, en empêchant l'accumulation anormale de tubuline détyrosinée dans les tumeurs pourraient représenter une nouvelle classe d'agents anticancéreux. Cette enzyme n'a jamais pu être purifiée, ce qui représente un handicap pour la recherche d'inhibiteurs spécifiques. Le Centre de Criblage pour Molécules BioActives de notre laboratoire a mis au point un test cellulaire de l'activité TCP et a utilisé ce test pour rechercher des inhibiteurs par criblage à haut débit d'une collection de près de 25 000 extraits de substances naturelles, en collaboration avec les Laboratoires Pierre Fabre. Ceci a permis de sélectionner deux molécules inhibitrices, de la classe des lactones sesquiterpéniques. En collaboration avec le Groupe de Chimie Combinatoire et Criblage (G3C) de l'iBITEC-S, ces équipes ont ensuite montré qu'un analogue structural de ces lactones, le parthénolide, inhibe efficacement l'activité TCP cellulaire. Le parthénolide est une substance surtout connue pour ses propriétés antimigraineuses, grâce à ses propriétés inhibitrices de la voie NFκB. Les chercheurs de cette étude ont montré que l'activité inhibitrice du parthénolide vis-à-vis de la TCP était indépendante de son action sur la voie NFκB.

Cette nouvelle action du parthénolide pourrait être un début d'explication aux autres propriétés anticancéreuses et anti métastatiques de cette substance, encore mal comprises. Le parthénolide, qui a déjà passé avec succès les essais cliniques de phase I, pourrait donc être une nouvelle drogue anticancéreuse multifonctionnelle prometteuse [6].


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